La fable des techniques invisibles
Contexte
Anthony Masure, « La fable des techniques invisibles », conférence dans le cadre du cycle « Graphisme / Technè », université de Strasbourg & HEAR Strasbourg, dir. Vivien Philizot
Résumé
Cette communication interroge, dans le contexte du design, les relations qu’entretiennent entre les notions de technique et de visibilité. Si le design prend sens en raison d’un travail des techniques dans une finalité qui n’est pas donnée d’avance, que dire de la tendance contemporaine qui consiste à faire du design l’instrument de techniques invisibles ? Autrement dit, comment et pourquoi, depuis un certain nombre d’années, une tendance à rendre les techniques invisibles s’est-elle développée ? Que recouvre cette intention ? À travers la critique de cette idéologie de la transparence appliquée aux objets numériques, il s’agira de démontrer qu’une des tâches du design serait de dévoiler la technique, et non pas de l’occulter en la rendant invisible.
Cycle de conférences organisé par l’université de Strasbourg (Master Design) et la Haute école des arts du Rhin (Atelier de Communication graphique), novembre 2015 — avril 2016.
Le design graphique a souvent été réduit à ses aspects formels et technologiques, entérinant la réduction bien connue du faire-savoir au savoir-faire. Il s’agira, à l’occasion de ce cycle de conférences, de prendre ces notions à rebours, en les mettant en perspective avec les déterminants historiques et culturels qui les traversent. Si les conséquences de l’invention de l’imprimerie ont bien été étudiées et questionnées, la révolution industrielle, ou encore la transition des années 1980 accompagnée de la fin des récits que la modernité mettait en concurrence, ne laissent désormais plus de doutes sur les effets politiques du passage d’un système technologique à un autre. Il est alors possible de s’interroger sur des processus aussi différents que la démocratisation et la standardisation des outils, la capitalisation des savoirs liée aux médias, la perte du monopole technique autrefois détenu par les designers, les métamorphoses économiques qui accompagnent les processus techniques initiés par le design graphique.
En donnant la parole à des graphistes, des théoriciens ou des historiens, ce cycle vise à donner de nouveaux éclairages sur ces questions, comme en contrepoint à la définition que donnait Ellen Lupton du designer-producteur, engagé dans le réseau de plus en plus complexe des processus de production propres au design graphique.